Voyager en famille dans la cordillère des Andes et plus particulièrement en Bolivie dont la moitié de la surface est occupée par l’altiplano, c’est emmener sa tribu à des altitudes variant entre 3500m et 5000m. Les quelques recherches préliminaires à notre voyage ne sont pas encourageantes, le mal aigu des montagnes peut être très grave, jusqu’à mettre en péril la vie des individus et les très jeunes enfants y sont particulièrement vulnérables. Pourtant quand on visite des blogs d’autres familles avec des enfants en bas âge et ayant effectué des périples en Amérique du Sud, on constate que ça se fait, mais il est souvent difficile de savoir comment ils ont géré l’altitude.
De plus nous avons rencontré quelques familles s'étant lancées dans l'aventure avec des expériences parfois mitigées comme par exemple l'évanouissement du dernier en arrivant aux geysers...
Cet article sans photo n’a pas vocation a donner des conseils, on ne se le permettrait pas, ce que nous avons fait n’engage que nous, il s’agit juste d’un partage d’expérience pour les autres familles qui comme nous s’interrogent en se disant « mais comment ont-ils fait ? ».
Dans un premier temps, fraichement débarqués à San Pedro de Atacama (SPDA), nous envisagions de rentrer en Bolivie par le Sud Lipez.
Nous avons donc fait le tour des agences pour nous renseigner sur les itinéraires et surtout les altitudes auxquelles nous allions monter. Là, un guide francophone nous arrête net dans notre élan : « Vous ne pouvez pas faire ça avec un enfant de deux ans et demi… Vous risquez de le regretter toute votre vie… Rendez-vous compte, vous passez dès le premier jour de SPDA de 2500m à 5000m… Pour ma part je n’emmène jamais au dessus de 4000m des enfants de moins de 8 ans… Pas d’hôpitaux digne de ce nom à Uyuni… ». Bref, nous ressortons de son agence très déçus, car c’est décidé nous ne ferons pas l’itinéraire SPDA/Uyuni, nous renonçons aux paysages du Sud Lipez décrits par tout le monde comme étant à couper le souffle. Mais pas question de risquer la vie de notre enfant.
C’est le flou total : si on ne va plus en Bolivie, ou allons nous (il y avait quand même un mois de réservé à ce pays) ? On se replonge dans les guides, on fait des hypothèses, on envisage la Colombie, une journée entière pour trouver une nouvelle idée, chercher des billets d’avion… Pourtant une petite phrase du guide continue à nous trotter dans la tête : « Même les bébés s’acclimatent mais il faut y aller progressivement… ». Finalement, nous décidons de lancer l’opération « Acclimatation du Bébé », nous irons quand même en Bolivie voir le Salar d’Uyuni et le Sud Lipez, mais selon un tout nouvel itinéraire. Nous rejoindrons La Paz en passant par le Parc Lauca au Nord du Chili.
Nous appliquerons les conseils du guide à la lettre :
- monter en altitude progressivement;
- monter en altitude avec notre propre véhicule (loué à Arica) pour pouvoir redescendre immédiatement et rapidement en cas de problème car c’est le seul moyen de mettre fin à un mal aigu des montagnes;
- préférer le côté Chili qui permet de descendre rapidement vers la mer, tandis qu’une fois de l’autre côté de la frontière on ne peut plus redescendre, on l’a dit la Bolivie est un gigantesque plateau à plus de 3500m;
- faire boire le bébé très régulièrement;
- par ailleurs le coté Chili est mieux doté en infrastructures médicales.
Enfin, Timothé bénéficiera d’un traitement homéopathique à base de granules de Coca pendant la première semaine d’acclimatation (c’est à dire jusqu’au Lac Titicaca).
Ainsi, nous sommes restés d’abord trois nuits dans le Parc Lauca à Putre perché 3500m d’altitude. C’est vrai que la première nuit toute la famille a respiré très fort avec parfois des sensations d’essoufflement, mais dès la deuxième nuit on dort beaucoup mieux en respirant plus normalement. Les journées consacrées aux excursions nous permettrons de tester notre Timomo jusqu’à la lagune Chungara à 4600m d’altitude : tout se passant bien, le troisième jour nous sautons dans un bus pour La Paz ou nous passerons une nouvelle nuit à 3600m. Nous considérons alors que l’on peut pousser à 4000m et nous nous rendons au Lac Titicaca. Nouvelle sensation d’essoufflement la première nuit mais qui disparaît dès la deuxième nuit, nous estimons que nous sommes prêt pour le Salar et le Sud Lipez.
Du coup nous partons pour Uyuni, et nous ferons donc le tour dans le sens inverse de ceux qui arrivent de SPDA. Cela présente l’avantage de monter plus progressivement en altitude : départ d’Uyuni à 3500m, première nuit à San Juan à 3700m, puis la suivante à la Laguna Colorada à 4200m avant de monter aux geysers à 5000m.
Ceux qui arrivent de SPDA (2500m) montent d’abord aux geysers et font le trajet en sens inverse.
Nous appliquerons le dernier conseil du guide : exiger de l’agence qu’il y ait une bouteille d’oxygène dans le véhicule, au cas où.
Conclusion
Notre périple en Sud Lipez s’est très bien passé, nous n’avons pas eu besoin de la bouteille d’oxygène.
Aux geysers Timothé jouait aux petites voitures dans le 4*4 avec son frère Valentin, tandis que Titouan nous a courageusement accompagné en affrontant les éléments (vent glacial et -10°C) pour aller prendre des photos. En plus de n’avoir eu aucun problème lié à l’altitude, nous avons pu profiter sereinement du tour, car nous savions que nos enfants étaient acclimatés !