Tout d’abord : Tout le monde va bien !
Merci à tous pour vos commentaires, ça fait plaisir.
Dès notre arrivé à Rantepao, nous avons organisé la visite de cette région atypique en faisant appel à un guide local pour 3 jours d’immersion en pays Toraja.
Cette région, concentrée autour de Rantepao, est célèbre pour ses constructions très originales.
Les greniers à riz et les habitations sont dominés par des toitures élancées vers le ciel qui selon, représenteraient soit des cornes de buffle, soit la forme de bateaux avec lesquels les premiers colons chinois auraient investis ces terres reculées de Sulawesi. Je vous laisse choisir votre interprétation…
Richement sculptés, puis peints selon des motifs traditionnels, ces bâtiments sont toujours orientés vers le nord. Les quatre points cardinaux ont tous une signification, le nord représentant tous les événements positifs (naissances, mariages ???), et le sud, bien évidemment l’inverse.
Cette tradition architecturale perdure encore un peu, et quelques bâtiments sont construits selon ces codes, les couvertures traditionnelles en chaume étant néanmoins remplacées par des toitures en bac acier.
Ainsi, nous avons opté pour une excursion mélangeant marche à pied et voiture pour visiter cette magnifique région.
La première journée, nous a permis de nous aventurer au travers des rizières en terrasses qui n’ont rien à envier à leurs soeurs Balinaises. De massifs rocs volcaniques noirs
charbons sont disséminés d’ici de là relevant avec douceur la diversité des verts du riz encore sur
pied. Les photos ne rendent pas hommage à la beauté du site, j’en suis désolé. Le mieux est donc de vous y
rendre !
Pour clôturer cette journée de marche, rien ne vaut mieux qu’une bonne nuit dans une maison traditionnelle au sein d’un village perché au milieux des rizières.
Notre arrivée ne passe pas inaperçue dans le village. Les enfants sont de nouveau un atout extraordinaire pour briser la glace. Un lâché de timomo dodelinant derrière un ballon attire une nouvelle fois tous les regards et les rires.
Le dîner, cuisiné par notre hôte, sera une autre occasion de nous immerger par une dégustation de mets locaux, dont le poulet au lait de coco cuit dans du bambou. La miss s’est régalée !
Après s’être gelé toute la nuit (note pour plus tard : penser à prendre des duvets), nous enchaînons par une journée un peu particulière : participer à une cérémonie funéraire.
Bah oui, ça se visite.
Pour nous européens, l’idée de voir des touristes participer à un enterrement, et qui vont bien évidemment mitrailler l’événement de photos, nous semble tout à fait abscons. Pour eux, c’est différent, c’est une fête. Mais bon, normalement ne sont invités que les familles, amis, collègues, voisins… plus ou moins proches.
Au vu du nombre de blancs présents à la cérémonie à laquelle nous avons assisté, le défunt avait beaucoup de connaissances de part le monde.
On nous a donc proposé, LA cérémonie du moment : 5 jours de festivités.
The must !
Le mort était du plus au rang social dans la région.
- Jour 1 (pas la chanson !) : le cercueil est présenté ;
- Jour 2, celui auquel on a participé : le cercueil est baladé (secoué, une vrai féria) aux alentours de l’habitation avant d’être reposé sur un promontoire ; la veuve devançant la procession. Puis vient le temps des sacrifices : buffles, cochons… ;
- Jours 3 et 4 : re-sacrifices ; accueil des proches…
- Jour 5 : inhumation du corps.
Au delà de ces cérémonies à rallonge, qui peuvent donc durer de 1 à 5 jours selon le rang social du défunt, l’originalité de ces cérémonies funéraires est qu’elles ne se déroulent que durant quelques mois. Le mort est donc conservé dans son habitation en attendant la cérémonie qui se planifie un peu comme nous le ferions pour un mariage.
J’étais un peu gêné au départ. Une sensation de voyeurisme déplacé, de ne pas être à ma place, mais finalement je devais sûrement connaître aussi bien le défunt qu’une bonne centaine de locaux présents, sauf que nous, nous devons nous acquitter d’un droit d’entrée.
Et lorsque timomo nous a été enlevé par un bidasse retraité amateur de bob, toute gêne a disparu. En effet, après que notre petite tête blonde ait été présenté à toute la gente féminine du coin, nous avons été invité par les membres de la famille à partager thé, café, biscuits…l’anglais nous étant d’aucune utilité, les gestes et sourires suffirent. Un moment simple, joli.
Le thème de la journée étant les rites funéraires, nous poursuivons par la visite de sépultures un peu particulières.
Les animistes, minoritaires depuis l’arrivée des missionnaires hollandais, avaient pour coutume d’inhumer au sein d’un arbre les bébés mort né, ou tout enfant décédé n’ayant pas encore eu ses dents. Ils creusent l’arbre, déposent le corps du nourrisson, recouvrent l’orifice.
La sève est comme le lait nourricier, le nourrisson continuant de grandir et vivre : l’arbre et l’enfant ne font qu’un s’élevant tout les 2 vers les cieux.
C’est beau.
Pour les adultes, c’est différent. Les pragmatiques vous diront qu’ils n’avaient de toute façon pas d’arbres assez gros… ok
Les corps sont inhumés dans un cercueil de bois et déposés dans une grotte sous la protection de Tau tau (statue de bois ou de bambou). Le temps faisant son œuvre, le cercueil se décompose, se délite, laissant les ossements s’échapper.
Le dernier jour sera plus bucolique. Après une nouvelle nuit passée en maison traditionnelle et un petit dej bien copieux, la petite troupe reprend le chemin des rizières.
Petit jeu
Devinez quel est ce fruit?
Le gagnant aura le droit de nous inviter à un bon repas à notre retour :)